mercredi 21 novembre 2012

La théorie du beau idéal de Winckelmann


L'Apollon du Belvédère

La théorie du beau idéal de Winckelmann est un postulat spirituel religieux. 
Winckelmann (1717-1768), est en quelque sorte le père de l'histoire de l'art: c'est un antiquaire et archéologue allemand qui vivait à Rome. 
Il fait le constat que Dieu a crée le monde (postulat qui a une grande influence sur la hiérarchie des genres en peinture et fait de la peinture d'histoire le genre majeur). Le problème est que le monde crée n’est pas pour autant un monde parfait, il y a une tension entre le créateur parfait et la créature qui est un mélange de perfection et d’imperfection. La théorie de la création mêle la perfection et l’accident, il y a dans le monde du laid, du difforme, du terrifiant. En terme philosophique on distingue deux principes : la nature naturante (Dieu parfait) et la nature naturée (le monde imparfait). Sur ce constat de base, le but de l’artiste, sa mission, n’est pas de représenter le monde tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être si la création était aussi parfaite que le créateur. L'artiste doit rendre compte d’une vision corrigée. Cette théorie Winckelmannienne repose sur l’idée que l’art est quelque chose qui s’apprend, qui s’intègre dans un apprentissage. 

Comment distinguer le parfait de l’imparfait ? C'est une question d’apprentissage, d’éducation du regard.  Winckelmann affirme que nous avons une chance formidable: il fut un temps, une sorte d’âge d’or, où l’être humain était dans un contact beaucoup plus fort qu'aujourd'hui avec le divin, ils n’étaient pas séparés mais vivaient dans une harmonie totale. A cette époque l'homme avait accès au beau idéal car au principe créateur. Les témoignages de cette époque sont les œuvres antiques qu’ont a retrouvés: ce sont pour Winckelmann des exemples même du beau idéal,  la « noble simplicité et calme grandeur ».  Les apprentis artistes doivent regarder ces exemples et les regarder activement, par un travail de dessin et de peinture, d’imitation et de copie. A force, l’artiste fini par intégrer une sorte de canon de proportion, ce modèle de beau idéal, ainsi il aura comme élément de comparaison des oeuvres telles que L’Apollon du Belvédère quand il regardera le monde. 

La quête du beau idéal : il faut que l’artiste, qui a intégrer le modèle de beau idéal, pratique face au monde une double opération de sélection et de combinaison. Idée qui renvoie à la fable de « Zeuxis et les filles de Crotone ». Zeuxis est un peintre de l’antiquité (sources avérées) a qui on a commandé une peinture représentant Hélène de Troie. D’après la source d’Homère, Hélène est une femme parfaite qui incarne la beauté dans son absolu, de ce fait Zeuxis ne trouve pour la peindre aucune jeune femme suffisamment parfaite comme modèle. Il fait alors venir toutes les plus belles jeunes filles et en sélectionne cinq. De chacune d’entre elles, il choisit une partie du corps, sélectionne les éléments parfaits et les combine. Il passe du monde réel comme modèle a un résultat idéal en terme de représentation. C’est cette double opération fondé sur le modèle grec de Zeuxis que ce fait la théorie Winckelmannienne. 

jeudi 8 novembre 2012

Shakespeare et le théâtre Eisabethain



Théâtre Anglais

Introduction au théâtre britannique shakespearien

Shakespeare est en Angleterre l’écrivain le plus représentatif d’une époque, et ce fait est sans équivalent en France. Il s’agit de la rencontre entre une époque extrêmement passionnante et un homme particulier. Shakespeare vient d’un village, alors qu’usuellement  les auteurs de théâtre avaient fait Cambridge ou Oxford.
On ne sait rien des raisons de son arrivée a Londres, mais une fois sur pace il devient écrivain de théâtre et comédien du roi.
Il n’y a pas d’écrivain mise à part Shakespeare qui donne lieu a tant de publications, d’adaptations… C’est celui qui suscite le plus d’inspirations et d’interrogations auprès des écrivains contemporains. Il est également emblème d’un pays, et par exemple, Depuis Tacher il est imposé dans tous les collèges et lycées britanniques. Au théâtre du Globe, les hommes de chantiers disent le texte en même temps que les comédiens.
L’Epoque Élisabéthaine fut particulière, et paradoxalement favorable aux arts. Car c’est l’époque du parrainage par les « grands » du pays.

Epoque et Pouvoir Politique

*Contexte Historique
On peut dire que le théâtre de la renaissance Anglaise (Élisabéthain et Jacobin) commence en 1576 avec l’ouverture du THE THEATER.,
Elle durera jusqu’en 1642, date qui correspond à l’arrivée au pouvoir de puritains, c’est la révolution anglaise et tous les théâtres londoniens se voient fermés.
Il faudra attendre la restauration en 1660 pour que les théâtres réapparaissent.
Parmi les écrivains de l’époque, les plus connus sont Shakespeare, C. Marlowe, T. Ewood, J. Ford.
Une architecture spécifique s’est inventée à partir des cours d’auberges. Elle induit une dramaturgie spécifique et les auteurs écrivent pour ce théâtre là (scènes de balcon par exemple…). Les spectateurs étaient débout.
Tous les théâtres publics seront construits sur ce modèle architectural.
(Ce modèle  va ensuite disparaître pour laisser place à la salle à l’italienne.)
A cette époque, on compte autant de spectateurs à l’année que d’habitants.
Mais les théâtres sont aussi considérés comme des lieux « malfamés «, car de part la concentration de population, c’est aussi l’arrivée de commerces illégaux. Ainsi y vivra la prostitution, le vol, les épidémies… Ce lieu sera donc très vite attaqué par les puritains.
Tous les théâtre vont s’installer au sud de la Tamise, ce sera le quartier des théâtre.
Ainsi, on verra très tôt apparaître une guerre  de programmation entre les troupes dans une ambiance concurrentielle.

*Entre deux dynasties
Elisabeth meurt quand Shakespeare est âgé de 39 ans et n’a pas encore écrit ses grandes tragédies. C’est sous jacques 1er que la troupe de Shakespeare va devenir la troupe du roi : King’s men.
Elisabeth fait partie de la famille des Tudors qui prend le pouvoir à la suite de la guerre des deux Roses. Henri 8 règnera entre 1509 et 1547, il est à l’origine de l’Anglicanisme. Il aura 5 épouses et à sa mort c’est Edward 6 qui devient roi. Mais il meurt à 15 ans et c’est Marie 1ère, qui elle est catholique (massacre des protestants), qui prend le pouvoir. On l’appellera Marie la sanglante (Bloody mary). Elisabeth (« la reine vierge ») prend donc le pouvoir à sa suite, de 1558 à 1603. C’est une période de relative paix religieuse, mais également de prospérité avec le développement des comptoirs Anglais, la marine britannique devient extrêmement importante. Ont lieu également de très grandes victoires militaires (notamment face aux espagnols). Le militarisme se développe en Angleterre (Ex : Henri V). La reconnaissance artistique permet le développement d’une certaine forme de liberté aux arts. Elle meurt à 70 ans sans succession.
C’est donc la Famille des Stuarts qui prend la suite, avec le couronnement de Jacques 1er, dont le règne s’étend de 1603 à 1625.

*Théâtre de la renaissance Anglaise
            -Le lieu Élisabéthain : du théâtre de tréteaux aux auberges théâtre
Avant la renaissance, le théâtre du moyen-âge se joue sur des tréteaux installés sur les parvis d’églises. S’y jouaient des épisodes de la Bible, ou des farces. Mais il n’existait aucun lieu permanent consacré au théâtre.
C’est avec l’apparition de ces derniers que le comédien se professionnalise.
(Portes d’entrées = Prix d’entrée = économie = salaire)
Il s’agit donc d’une modification fondamentale et structurelle du théâtre.
Les lieux sont les grandes salles de châteaux, les universités, les cours d’auberge. En effet, l’auberge traditionnelle anglaise se prête facilement à une troupe d’acteurs. Des tréteaux sont installés dans la cour, les balcons permettent des scènes en hauteur, les chambres font office de loges. Petit à petit certaines vont devenir des théâtres permanents. On voit aussi apparaître la hiérarchie des prix avec la différenciation des places debout, et des places assises, aux balcons.
Les noms des auberges deviennent donc le nom des théâtres, les pus connus à l’époque sont le lion rouge, le taureau, la cloche, par exemple.
Un homme nommé Burbage, menuisier, épouse la sœur du propriétaire du Lion rouge. Il est comédien et décide avec le patron de construire un véritable théâtre, avec comme forme initiale celle des cours d’auberge. Il sera construit au nord de Londres, et portera le nom de The Theater. C’est pour ce théâtre que Shakespeare écrit sa 1ere Pièce. L’apparition de la concurrence ne se fait attendre, un autre théâtre est construit juste à côté, The Curtain. La prolifération des théâtres ne se fait pas grâce à un amour de l’art, c’est une guerre de commerçants.
            Théâtres publics
La structure est polygonale afin de se rapprocher au maximum du cercle. Il y a trois étages de galléries couvertes.  La scène, surélevée, mesure environ 12m de large et 7m de profond, elle recouvre la moitié de l’arène. Celle-ci est protégée par un toit, et possède des trappes en bas comme en haut. Le balcon est en fond de scène, dessous lui se trouve une entrée. Cet espace ne peut changer, il n’est pas amovible, et structure en lui-même la forme d’écriture.
Les décors sont très peu nombreux, mais l’espace est déjà peint (ce n’est donc pas non plus un espace neutre). Tout peut se jouer, à partir du moment ou les spectateurs imaginent ce qui ne peut se montrer, à la différence de la tradition française illusionniste.
Deux troupes se font concurrence, celle de Shakespeare face à celle de Marlowe. A la mort du deuxième c’est Shakespeare donc qui devient l’unique auteur à succès.
En 1613, le globe brûle,  il est reconstruit l’année d’après. En 1644 les puritains détruisent tous les théâtres.
            Théâtres privés           
Si l’on parle de théâtre privé, cela ne signifie en aucun cas que les dénommés publics touchent de quelconques subventions. C’est un théâtre se rapprochant de ceux du continent, fermé, qui ne tient pas les cours d’auberges pour modèle. La jauge (nb de spectateurs) est inférieure au Théâtre public. Les pièces se jouent surtout de jour, volets fermés, éclairées à la bougie. Les salles sont plus confortables, le répertoire semble similaire au public mais le prix des places est beaucoup plus cher. N’iront donc au privé que la partie riche de la population. Au contraire le Public réunit l’ensemble des classes populaires. Cela pose la question de la notion de théâtre populaire. Qu’est-ce que le peuple ? Ce mot a deux acceptations. OU l’on y entends ouvrier, classe populaire, à l’exemple de Sartre. OU alors Il s’agit de TOUT le peuple, et donc de chacun, ainsi que l’entend Vilar par exemple. Shakespeare à travers ses pièces parle à la fois à sa reine et à l’illettré. Car au théâtre public tout le monde assiste au même spectacle, et en même temps. C’est le lieu d’une réunion sociétale. Mais celui-ci n’est ouvert que 4 mois l’été. Les troupes jouent donc ensuite dans le privée, car elles doivent continuer à gagner de l’argent. Shakespeare écrit pour gagner de l’argent, et doit être efficace. Le paradoxe de cet homme est donc qu’il s’agit à la fois d’un génie et d’un homme d’affaire.

            Les comédiens
*Statu
Il existe une loi, votée par le parlement, s’intitulant « loi  pour le châtiment des vagabonds et pour le secours des pauvres et des infirmes ». De là apparaît un changement de statut de l’acteur. On va désormais considérer comme vagabond tout acteur vulgaire, comme les ménestrels, qui n’appartiennent pas à un noble du royaume. C’est pour cela que toutes les troupes porteront le nom du »protecteur » auxquelles elles appartiennent. Le vagabond, s’il est arrêté, risque la mort. Les troupes sont donc obligées de se trouver un protecteur. Un comédien en tourné est considéré comme dangereux, car on préfère toujours le sédentaire au nomade.
Entre 1582 et 1592 on dénombre une dizaine de troupes en activité, sur lesquelles la plupart sont à Londres. Parmi celles-ci figurent :
 Les comédiens de la reine (1583-1594), dans laquelle joue Tarlton (Yorick)
La troupe du Lord Chambellan (1564-1603), c’est pour elle que Shakespeare écrit, il est également actionnaire de la troupe et copropriétaire du Globe
Les Comédiens de l’amiral, pour qui écrivait Marlowe.
*Fonctionnement
Il existait trois pôles professionnels dans ce domaine
Les sociétaires étaient les copropriétaires de la troupe, les actionnaires. Ce sont eux qui ont la troupe, et les pièces écrites leur appartiennent. Les comédiens salariés se nommaient les pensionnaires. Enfin, on appelait apprentis les enfants qui venaient se former mais n’étaient pas rémunéré (ce sont eux qui jouaient les rôles de femmes, n’ayant pas encore mué).
Les comédiens comme les écrivains avaient à subir les foudres des puritains, pour qui aller au théâtre était synonyme de se rapprocher du diable.

            -Les écrivains
Ce sont tous des Wits (personnes ayant fait l’université), ils viennent de Cambridge ou d’Oxford. Ils vont donner le modèle de l’écriture britannique. Ces gens vont précédés Shakespeare et vont créer le style élisabéthain qui rencontrera un grand succès populaire. Ont remarque par exemple, le mélange du vers et de la prose, des inspirations du grand théâtre romain mélangé aux chroniques de l’histoire d’Angleterre. Ils inventent aussi un vers spécifique : le pentamètre iambique non rimé.


William Shakespeare

On n’a jamais retrouvé de pièces écrites de sa main, aucun texte manuscrit n’existe. Et comme c’est un paysan, qui n’a pas fait d’université, la simplification a été d’inventer que Shakespeare aurait été le prête-nom d’un des écrivains de la reine. Mais l’homme entretient le mystère. Il y a par exemple 7 années de trou, desquelles personnes ne sait rien.  Il serait né le 23 avril 1564 et serait mort le 23 avril 1616, jour de la saint George (protecteur de l’Angleterre).
Son père, John Shakespeare aurait été boucher, ou tanneur, en tout cas dans le domaine de la bête. Il s’est marié à Marie Ardon. On s’est beaucoup interrogé sur la religion du père, on suppose qu’il fut catholique, pratiquant donc sont culte dans l’illégalité.  Shakespeare avait deux frères, Edmond et Richard (cf : le roi Lear, Richard II). On sait qu’il alla au collège ou il appris le grec et le latin. O, suppose qu’il fut apprenti dans l’entreprise familiale. En 1582 il épouse Anne Hathaway, celle-ci est de 8 ans son ainée, et cela participera aux suppositions sur l’homosexualité de Shakespeare. Ils  auront ensemble une fille, Suzana, et des jumeaux : Hamnet et Judith.
C’est entre 1585 et1592 que Shakespeare laisse un trou, et personne ne sait ce qu’il fait durant ces années. On le retrouvera ensuite à Londres, travaillant en tant qu’écrivain. Qu’a-t-il fait ? Comment a-t-il quitté son autre vie pour une nouvelle si différente ? Il est fort probable qu’il ait croisé une troupe en tournée et qu’il les ait suivit pour devenir comédien. Mais Rien ne le prédestine à cette profession. La grande question est comment a-t-il pu savoir si bien le cœur humain, de l’amour à la politique ?
L’homme suscita une forte jalousie, Green le nomma de « corbeau parvenu », par exemple. Parmi ces pièces, certaines sont des comédies, d’autres des tragédies, et enfin il écrit également des Drames historiques.
C’est en 1611 qu’il écrit la tempête, sa dernière « vraie » pièce. Il s’en retourne vivre à Strafford ou il continue à écrire jusqu’à sa mort en 1616.

dimanche 4 novembre 2012



Description et découpage filmiques


Le but premier d'une analyse est de comprendre et clarifier une œuvre, de la rende plus accessible pour l'apprécier. C'est un outil de travail, elle doit être cohérente, lisible et ordonnée. Le découpage consiste à découper et fragmenter le film en séquences, scènes et plans. Il s'agit de le dépouiller , d'en saisir sa substance.

3 conseils de Roger Odin :
1) l'analyse ne dois pas être évaluative.
2) Elle doit porter une attention particulière au processus qui donne du sens à la séquence
3) Elle doit accorder autant d'attention à la méthode qu'à l'objet d'étude

Il y a selon Laurent Jullier, une trichotomie de la méthodologie de l'analyse de séquence :
      1. Quoi : Le choix des composants à mesurer, il s'agit de se faire une idée de ce qui apparaît en premier dans la séquence, qu'est ce qu'on nous raconte ?
      2. Comment : Les tests effectifs, c'est à dire le décryptage méthodique, comment les événement sont présentés et narrés.
      3. Pourquoi : L'interprétation des résultats/diagnostique, il faut maintenant passer de la description à l'interprétation, pourquoi est-ce comme ça et pas autrement ? Rapport entre le fond et la forme.

Il y a 6 grands types de paramètres à prendre en compte :
      1. La durée des plans
      2. L'échelle des plans (plan d'ensemble/gros plan/plongée...)
      3. Les mouvements et déplacements (des personnages et de la caméra)
      4. Le montage (raccord regard/mouvement...)
      5. La bande sonore
      6. La lumière



















I. LE FORMAT

Le Format de l’image est le rapport entre largeur et hauteur.
Au temps du cinéma muet, le format était proche du carré (format 1.33). A l’arrivé du parlant, on repense le format de la pellicule pour pouvoir y inscrire la bande de son, il passe à 1.37 dans le monde entier jusque dans les années 50. C'est aussi ce format qui est utilisé sur les premiers téléviseurs. Dans les années 50, de nombreux brevets sont déposés, c'est l'apparition du format 1.66 (utilisé en Europe et aux Etats-Unis), qui propose une image plus rectangulaire, mais aussi des formats 1.78 et 1.85 : la largeur s’agrandit, mais la hauteur reste la même, jusqu'à l'apparition du format 2.35.
Cependant, dans les débuts du cinéma, certains cinéastes comme Abel Gance, désapprouvait ces formats universels. Gance a donc inventé le format 4 (polyvision, ou triple écran). Trois caméras posées côte à côte sur le tournage, permettait de filmer une plus large surface.



II. LE PLAN

Le plan peut faire allusion au point de vue, à la profondeur de cadre ou à la continuité du film. Il n’est pas toujours considéré comme le plus petit élément du film : on pense au photogramme (une minute= 1440 photogrammes). Cependant, il reste la plus petite unité perceptible du film.

« Le plan reste l’unité la plus probable du cinéma » / « Le plan est un objet filmique comprenant un certain cadrage »

L’idée de plan nait en 1910 et le découpage arrive en 1914. Le découpage technique sert à faire le lien entre le scénario et le tournage. Le plan long apparait en 1946.

Il y a généralement entre 400 et 600 plans dans un film (300 plans par heure). La durée moyenne d’un plan est donc de 5 et 10 secondes, puis 6 secondes selon Bordwell (sauf bien sur lors de plans séquences). Un plan bref dure moins de cinq secondes.
La durée des plans dépend cependant du réalisateur et des conditions de tournage.

Un plan-séquence est une scène filmée en un seul plan sans montage. Lorsqu'il tourne La Corde Hitchcock voulait faire un film en un seul plan séquence, mais les bobines ne duraient que 10 minutes... Eric Von Stroheim avec La Veuve joyeuse, réalise un film en 15 plans seulement

On dénombre 11 échelles de plan :
1) Plan général : plan d’un décor à très grande échelle.
2) Plan d’ensemble : plan sur un bâtiment.
3) Plan large : les figures humaines sont visibles.
4) Plan moyen : personnage cadré de la tête aux pieds. Décor visible en arrière-plan.
5) Plan italien : personnage coupé au tibia.
6) Plan américain : personnage coupé à la cuisse.
7) Plan rapproché taille : personnage coupé au niveau des hanches.
8) Plan rapproché poitrine : personnage coupé à la poitrine.
9) Gros plan : personnage cadré sur le visage.
10) Très gros plan : personnage cadré sur une partie précise du corps.
11) Insert : très gros plan sur un objet.

Paramètres spatiaux : quand on pense à un plan, on pense à toute l’organisation qu'il entraîne (place de l'acteur, lumière, décor, disposition des objets) : le plan est le moment de confrontation entre la caméra et le(s) corps filmé(s). Certains réalisateurs sont très minutieux quand à l’organisation des plans, d’autres à l’inverse, revendiquent une liberté par rapport au scénario.
Du point de vue spatial, le plan est déjà présent dans la peinture. Il s’agit du choix de la profondeur de champ pour donner un effet voulu. Il y a également une distance interne (premier plan, arrière-plan), qui définit la profondeur. La distance peut également être un espace à franchir, une chose infranchissable ou un élément de liberté.

L’axe temporel rentre en compte dans le plan. C’est la configuration d’un espace donné.
Du point de vue temporel un plan est situé entre deux autres plans, c’est une notion abstraite. C'est un bloc homogène (généralement) d’espace-temps. (Contre-exemple : l’Arche Russe d' Alexandre Sokourov : un film en plan séquence qui traverse plusieurs temps).

Il y a plusieurs angles de prise vue (ou prise de champs) :
- Parallèle au sol : comme on pourrait voir en "vrai"
- Plongée : la caméra est au-dessus de l’élément filmé. On parle de plongée totale lorsque l’angle de plongée est supérieur à 30°
- Contre-plongée : la caméra est en dessous de l’élément filmé

Un changement de plan est parfois difficile à détecter. Au début du cinéma, ils étaient considérés comme une agression de l’œil.


III. LE CHAMP

A) La profondeur de champ :

- Perspective : le champ est-il libre ou obstrué par un objet ?
- Focale longue/courte : plus la focale est courte, plus l’angle de prise de vu est large.
• Courte : La distance entre le premier plan et l’arrière-plan est exagéré. Il y a distorsion et illusion de vitesse.
• Longue : distance entre le premier plan et l’arrière-plan est compresse, elle permet de filmer des choses à longue distance. La profondeur de champ est aplatie et les distances sont raccourcies, l’angle de vue est donc plus réduit. Cela donne une impression de ralentissement.

B) Hors champ

Le cadre est inséparable du contenu du champ, il peut être entre assez vide, et assez saturé, mais le champ n’est qu’un fragment d’un espace beaucoup plus grand : l’univers du film. Le hors champ est laissé à l’imagination du spectateur et peut être aidé par le fond sonore.


      1. MOUVEMENTS ET DÉPLACEMENTS
Le cadre offre au cinéma la possibilité, contrairement à la photographie et à la peinture, de pouvoir se mettre en mouvement. Il y a mouvement de cadre ou mouvement de caméra lorsque les limites du cadre bougent et lorsqu’on a un changement de distance focale (rapprochement/ éloignement/rotation/déplacement des éléments filmés) ou d’échelle de plan.
Un mouvement descriptif est un mouvement qui effectue un balayage global (contemplation) tandis qu'un mouvement de suivi suit un personnage ou une chose mobile.

A) Le panoramique

La caméra reste sur son pied et balaye le champ latéralement, à l’horizontale sur un axe vertical ou à la verticale sur un axe horizontal.

B) Le zoom

Le zoom se développe à la fin des années 50 avec les caméras légères, avant on était obligé de changer de plan. Ici il n'y a pas déplacement de caméra mais modification de la distance focale (économie du mouvement). Le plan se rapproche quand la distance focale s’allonge (zoom avant) et s’éloigne quand la distance focale est raccourcie (zoom arrière).
Tous les éléments se rapprochent ou s'éloignent à la même vitesse et il y a un effet de grossissement de l'arrière plan. Pour qu'un zoom soit réussi, la caméra doit donc être fixe.
Le zoom avant a une symbolique voyeuriste. A l’inverse le zoom arrière permet d’avoir une vision plus large et de se retirer d'une action.

C) Le travelling

Le travelling est un déplacement dans toute la longueur ou la largeur de l'espace avec la caméra (contact physique) sans quitter le sol, les éléments ne se rapprochent donc pas à la même vitesse.
Il existe des travellings avant, des travellings arrière et des travellings circulaires autours d'un axe.

Le zoom avant et le travelling avant n’ont pas le même effet. Le zoom avant traduit une volonté de mieux voir l’objet, alors que le travelling avant traduit une volonté de proximité et de connaissance de l’objet. Dans le zoom avant il y a un rapprochement par grossissement de l’arrière-plan tandis que le travelling reconfigure l’arrière-plan.

D) Mouvements de grue

La caméra est fixée sur une grue qui fait monter et descendre la caméra. Si les plans aériens sont plus complexes, on a recours à un avion ou un hélicoptère. La grue Louma permet de plus amples déplacements (notamment des plans d'ensemble ou de demi-ensemble)

E) Le dolly-zoom

Inventé par Hitchcock pour l'escalier dans Vertigo, c'est un mélange de travelling arrière et de zoom avant (ou de travelling avant et de zoom arrière).
Si il y a travelling arrière et zoom avant on a l'impression que les personnages au premier plan de bougent pas et que l'arrière plan se rapproche (https://www.youtube.com/watch?v=iv41W6iyyGs). A l'inverse, si il y a travelling avant et zoom arrière l'arrière plan semble s'éloigner (https://www.youtube.com/watch?v=NB4bikrNzMk&feature=fvwp&NR=1).

F) La Steady cam

Beaucoup utilisé par Kubrick (voir Shining), la caméra est dans les mains du caméraman qui porte une ceinture pour éviter les soubresauts. Cela permet de fluidifier le mouvement contrairement à la caméra simplement tenue sur l'épaule.





V. LE MONTAGE

Le montage est la manipulation et l'organisation précise des plans un par un.

Définition technique : processus de fabrication d'un film
Définition théorique : association d'images qui créent du sens dans la continuité, de la dynamique pour créer une pensée.
En anglais il existe deux termes : cutting (action de couper et d'organiser) et editing (agencement de plan, idée de découpage). Le chef monteur est apellé editor

Il y a 3 étapes dans le montage :
      1. Le visionnage de l'ensemble des rush
      2. La sélection d'un certain nombre d'éléments essentiels
      3. La juxtaposition bout à bout de tous les rushs
Il s'agit ensuite de réfléchir à la longueur interne des plans et à leur juxtaposition. Le passage d'un plan A à un plan B doit être motivé par un lien logique, le monteur doit d'abord décider où commencer et arrêter chaque plan.

1) LE RACCORD (soudure entre deux plans d'une même séquence)

A) Champ/ Contre-champ
Alternance entre des champs opposés l'un à l'autre à 90° ou 180°. Souvent dans les dialogues.

B) Raccord regard
Dans le premier plan cadre on voit le personnage qui regarde quelque chose hors champ, dans le second on voit la chose regardée.
Le second plan est dit subjectif si on a l'impression de voir l'objet des yeux du spectateur (même distance et même angle)

C) Raccord dans le mouvement
On voit le début d'un geste dans un plan A qui se poursuit/termine dans un plan B (et vice-versa)

D) Raccord de direction
Sortie d'un plan A par la droite, entrée dans un plan B par la gauche (et vice-versa). Changement d'espace

E) Raccord dans l'axe
On reste dans le même axe d'un plan à l'autre, mais à une autre échelle.

F) Jump Cut (amorcé par Godard)
Petite saute temporelle dans la séquence, la caméra n'a pas bougé mais du temps est passé.

G) Mauvais raccord
Un mauvais raccord ne respecte pas la différence d'angle d'un plan à l'autre (qui doit être de 30°). On considère alors que le second plan n'avait pas lieu d'être. On considère aussi un plan qui change de plus de 180° comme un mauvais raccord (le personnage bouge un peu)

mardi 23 octobre 2012

Gustave Flaubert




    Gustave Flaubert est né en 1821 sous la restauration. C’est le début du romantisme littéraire (Méditations Poétiques de Lamartine en 1820).
    Son père, Achille,  est un chirurgien réputé, directeur de l’hôpital Hôtel Dieu de Rouen, et l’un des premiers à s’intéresser au confort des patients et tenter de diminuer leur douleur. Flaubert a huit ans de moins que son frère Achille, les autres enfants sont morts en bas âge. Sa mère le chérit tandis qu’il entretient des relations conflictuelles avec son frère. Trois plus tard, naissance de Caroline, avec qui Flaubert multipliera les bêtises et surmontera tous les interdits, enfants turbulents. C’était un enfant qui n’a pas parlé pendant des années, ses parents le pensaient retardé. A 4ans et demi, on lui apprend l’alphabet, à lire, à écrire, qu’il apprend très vite (Cf L’idiot de la famille de Sartre). Au collège puis au lycée, c’est un excellent élève mais très turbulent, il est renvoyé en décembre avant le Bac, qu’il obtiendra brillamment en candidat libre. Ses parents lui offrent une année sabbatique. Comme il n’arrive pas à se décider pour un métier et que lui veut écrire, son père l’inscrit en droit (même situation pour Manet, Proust, Cézanne). Cela permet à Flaubert d’aller à Paris, où il est reçu la première année puis arrete de fréquenter l’université en deuxième année. Il fréquente des cercles littéraires, des bibliothèques, des bordels. Ses parents le réinscrivent. En décembre, en voyage à Rouen, il a un accident de voiture avec son frère et reste longtemps plongé dans le coma. Plusieurs crises s’en suivent, on ignore ce qui les provoque.
   Suivant l’usage, Achille ayant fait des études de médecine, Gustave Flaubert peut entièrement se consacré à la littérature. Il lit et écrit énormément. En 1845, sa petite sœur épouse un de ses camarades de lycée qu’il trouvait terriblement stupide. Pour le voyage de noce, son père, sa mère et lui partent avec les mariés en Italie. Là-bas, il est marqué par les tableaux de La Tentation de Saint Antoine de Bruegel.
Après un abcès à la jambe, le fils opère le père qui meurt rapidement d’une septicémie, puis Caroline, la sœur, meurt une semaine après la naissance de sa fille. C’est Gustave et sa mère qui en prenne la charge suite à la dépression du père. Toute sa vie, Flaubert vivra auprès de sa mère dans un pavillon voisin. Il ne se mariera jamais car il pense le mariage comme une aliénation de sa liberté.
La vie de Flaubert, ce sont des aller-retour entre Paris, où il fréquente intellectuels et cercles littéraires, mais aussi de nombreuses maitresses, et Croisset, à Rouen.

   En 1847, un de ses amis, Maxime Du Camp, lui propose de sortir du milieu familial, et d’entreprendre un voyage en Touraine et Bretagne. Il en résulte une première publication, un récit à quatre mains : Par les champs et par les graines. Flaubert écrit ensuite La Tentation de saint Antoine dont il existe trois versions différentes. Avec Maxime Du Camp, il décide de partir aux origines de la culture au Moyen-Orient avec des lettres de recommandations. En 1849, ils partent en Egypte. Ils voyagent entre l'Egypte, le Liban, la Palestine, la Turquie, l'Italie et la Grèce. En Egypte, ils traversent le Nil presque jusqu’au Niger. Maxime s’intéresse à la photographie et a apporté le matériel nécessaire, il publiera ses photos à son retour. Gustave, lui, prend des notes que retrace sa correspondance.
  Fin 1851, ils rentrent en France. Flaubert retranscrit ses notes de voyages et se met à l’écriture d’un grand roman moderne de 1852 à 1856. Ecrire un roman, pour lui, c’est faire une œuvre d’art à part entière. Les premiers romans sont apparus au XVIIe, et l’explosion du genre se fait au XVIII. Mais c’est un genre récent, et donc qui n’est pas noble, contrairement à la poésie ou au théâtre. L’avantage du roman est que l’on peut tout écrire, mais c’est un divertissement qui n’est pas pris au sérieux (cf les préfaces de Laclos et Rousseau où ils se défendent d’avoir écrit les ouvrages). Au XIXe, Flaubert est le premier a affirmé que le roman est une œuvre à part entière. Pour lui, le style en prose doit être aussi travaillé que le style du poète.  Il criait ses phrases (gueuloir) pour voir si même de la plus horribles des manières, elles étaient toujours belles. En 1856, publication de Madame Bovary. Il écope d’un procès pour immoralité en 1857 sous Napoléon III, qui donne finalement sur un non lieu (bonne famille, bon avocat…). Le procès fait de Madame Bovary un succès à cause de la censure.
Il écrit par la suite Salammbô qui se déroule dans l’antiquité durant les guerres puniques (Carthage détruit par les romains). Pour cet ouvrage, il lit énormément de traité archéologique et va en Tunisie. Le livre est aussi un succès, mais uniquement car à l’époque l’exotisme est à la mode.
  En 1869, il publie L’Education Sentimental qu’il a commencé à écrire en 1864, l’ « histoire morale des hommes de ma génération ». Cette phrase renvoie au discours de Guizot, alors ministre de Louis Philippe, qui annonçait « enrichissez vous ». En effet, durant la révolution industrielle, l’argent est devenu le principal horizon, la nouvelle « morale ». Cela marque la fin de la période romantique. L’Education Sentimental n’a aucun succès, et très peu d’intellectuels voient l’importance du livre. Les grands écrivains s’en inspire cependant, tel que Proust, Joyce, Faulkner ou Perec. Pour le grand public, on ne redécouvre le livre que très tardivement, en 1960.

Flaubert meurt à 58 ans, en 1880, durant l’écriture de Bouvard et Pécuchet qui reste inachevé.

samedi 20 octobre 2012




Les Aveugles, Maurice Maeterlinck


A la fin du XIXème-début XXème, deux courants artistiques se distinguent : Le naturalisme et le symbolisme.

Maurice Maeterlinck (1862-1949) : écrivain belge d'expression française, dramaturge du silence, de la mort et de l'angoisse, il est l'un des principaux auteurs symbolistes et influence le théâtre de tout le XXème. Il commence par faire du droit puis de la poésie, de la traduction, des essais et enfin du théâtre. 1911 : prix Nobel de littérature. Ses premières pièces, saluées par Jarry comme l'amorce d'un "théâtre abstrait", cherchent une simplicité extrême, il les appelle "théâtre pour marionnettes". Aux antipodes du naturalisme, elles furent montées dans tous les théâtres d' "art" des symbolistes, et marquèrent fortement les surréalistes.

Théâtre symboliste : Mené par Mallarmé et opposé au réalisme, le théâtre symboliste estime que le livre est la seule scène mentale, nécessaire et suffisante et que la matérialité de la mise en scène est une entrave à la rêverie du lecteur. Pour les symbolistes, le théâtre est un véritable problème car le corps de l'action et la matière des décors particularise les symboles, et ignore l'imaginaire propre du spectateur. Il vise davantage une scène imaginaire que réelle. Le point crucial du symbolisme au théâtre est la question de la représentation : Qu'est-ce que voir au théâtre ?

Personnage sublime : expression de Maeterlinck : "Ce personnage énigmatique, invisible mais partout présent qui, peut être, n'est que l'idée inconsciente mais forte que le poète se fait de l'univers et qui donne à l'œuvre une portée plus générale, je ne sais quoi qui continue d'y vivre après la mort du reste et permet d'y revenir sans jamais épuiser sa beauté."

La pièce est caractérisée par le statisme, l'immobilité, l'obscurité et le silence.
Il n'y a que deux actions, qui arrivent tard dans la pièce : L'arrivée du chien p.283 (qui d'ailleurs "est" et donc ne joue pas) et les pleurs du bébé (qui lui aussi ne joue pas), suivis de l'arrivée de la mort (qui est annoncée depuis un bon moment) à la page 298. Ces deux actions sont précédés d'un "ayez pitié de nous" (biblique). Cela dénote de l'impuissance de l'homme face à son destin, mais de façon mystique et religieuse, ce qui est espéré tout au long de la pièce, c'est un sauveur/délivreur.

Les personnages n'ont pas de noms, et pas ou très peu d'attributs physiques et psychologiques (comme chez Sarraute). Même si la parole continue à être divisée de manière classique, la forme du dialogue est un chœur (unissons, répétitions), l'expression individuelle disparaît au profit d'une atmosphère créée par la parole.