samedi 20 octobre 2012




Les Aveugles, Maurice Maeterlinck


A la fin du XIXème-début XXème, deux courants artistiques se distinguent : Le naturalisme et le symbolisme.

Maurice Maeterlinck (1862-1949) : écrivain belge d'expression française, dramaturge du silence, de la mort et de l'angoisse, il est l'un des principaux auteurs symbolistes et influence le théâtre de tout le XXème. Il commence par faire du droit puis de la poésie, de la traduction, des essais et enfin du théâtre. 1911 : prix Nobel de littérature. Ses premières pièces, saluées par Jarry comme l'amorce d'un "théâtre abstrait", cherchent une simplicité extrême, il les appelle "théâtre pour marionnettes". Aux antipodes du naturalisme, elles furent montées dans tous les théâtres d' "art" des symbolistes, et marquèrent fortement les surréalistes.

Théâtre symboliste : Mené par Mallarmé et opposé au réalisme, le théâtre symboliste estime que le livre est la seule scène mentale, nécessaire et suffisante et que la matérialité de la mise en scène est une entrave à la rêverie du lecteur. Pour les symbolistes, le théâtre est un véritable problème car le corps de l'action et la matière des décors particularise les symboles, et ignore l'imaginaire propre du spectateur. Il vise davantage une scène imaginaire que réelle. Le point crucial du symbolisme au théâtre est la question de la représentation : Qu'est-ce que voir au théâtre ?

Personnage sublime : expression de Maeterlinck : "Ce personnage énigmatique, invisible mais partout présent qui, peut être, n'est que l'idée inconsciente mais forte que le poète se fait de l'univers et qui donne à l'œuvre une portée plus générale, je ne sais quoi qui continue d'y vivre après la mort du reste et permet d'y revenir sans jamais épuiser sa beauté."

La pièce est caractérisée par le statisme, l'immobilité, l'obscurité et le silence.
Il n'y a que deux actions, qui arrivent tard dans la pièce : L'arrivée du chien p.283 (qui d'ailleurs "est" et donc ne joue pas) et les pleurs du bébé (qui lui aussi ne joue pas), suivis de l'arrivée de la mort (qui est annoncée depuis un bon moment) à la page 298. Ces deux actions sont précédés d'un "ayez pitié de nous" (biblique). Cela dénote de l'impuissance de l'homme face à son destin, mais de façon mystique et religieuse, ce qui est espéré tout au long de la pièce, c'est un sauveur/délivreur.

Les personnages n'ont pas de noms, et pas ou très peu d'attributs physiques et psychologiques (comme chez Sarraute). Même si la parole continue à être divisée de manière classique, la forme du dialogue est un chœur (unissons, répétitions), l'expression individuelle disparaît au profit d'une atmosphère créée par la parole.

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