Les
Aveugles, Maurice Maeterlinck
A la fin du XIXème-début
XXème, deux courants artistiques se distinguent : Le naturalisme et
le symbolisme.
Maurice Maeterlinck
(1862-1949) : écrivain belge d'expression française, dramaturge
du silence, de la mort et de l'angoisse, il est l'un des principaux
auteurs symbolistes et influence le théâtre de tout le XXème. Il
commence par faire du droit puis de la poésie, de la traduction, des
essais et enfin du théâtre. 1911 : prix Nobel de littérature. Ses
premières pièces, saluées par Jarry comme l'amorce d'un "théâtre
abstrait", cherchent une simplicité extrême, il les appelle
"théâtre pour marionnettes". Aux antipodes du
naturalisme, elles furent montées dans tous les théâtres d' "art"
des symbolistes, et marquèrent fortement les surréalistes.
Théâtre symboliste
: Mené par Mallarmé et opposé au réalisme, le théâtre
symboliste estime que le livre est la seule scène mentale,
nécessaire et suffisante et que la matérialité de la mise en scène
est une entrave à la rêverie du lecteur. Pour les symbolistes, le
théâtre est un véritable problème car le corps de l'action et la
matière des décors particularise les symboles, et ignore
l'imaginaire propre du spectateur. Il vise davantage une scène
imaginaire que réelle. Le point crucial du symbolisme au théâtre
est la question de la représentation : Qu'est-ce que voir au théâtre
?
Personnage sublime
: expression de Maeterlinck : "Ce personnage énigmatique,
invisible mais partout présent qui, peut être, n'est que l'idée
inconsciente mais forte que le poète se fait de l'univers et qui
donne à l'œuvre une portée plus générale, je ne sais quoi qui
continue d'y vivre après la mort du reste et permet d'y revenir sans
jamais épuiser sa beauté."
La pièce est
caractérisée par le statisme, l'immobilité, l'obscurité et le
silence.
Il n'y a que deux
actions, qui arrivent tard dans la pièce : L'arrivée du chien p.283
(qui d'ailleurs "est" et donc ne joue pas) et les pleurs du
bébé (qui lui aussi ne joue pas), suivis de l'arrivée de la mort
(qui est annoncée depuis un bon moment) à la page 298. Ces deux
actions sont précédés d'un "ayez pitié de nous"
(biblique). Cela dénote de l'impuissance de l'homme face à son
destin, mais de façon mystique et religieuse, ce qui est espéré
tout au long de la pièce, c'est un sauveur/délivreur.
Les personnages n'ont pas
de noms, et pas ou très peu d'attributs physiques et psychologiques
(comme chez Sarraute). Même si la parole continue à être divisée
de manière classique, la forme du dialogue est un chœur (unissons,
répétitions), l'expression individuelle disparaît au profit d'une
atmosphère créée par la parole.
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