lundi 21 janvier 2013

Esthétique de la danse


Cours D’esthétique de la danse,
Par Aurore Despres, chercheur en esthétique de la danse


ESTHETIQUE :
Langage courant, Dimension formelle d’une chose ou d’une œuvre.
Le mot apparaît au XVIIIe siècle.
Baumgartner, homme du monde, avance l’idée que l’on puisse déterminer une science de la sensation et décide de lui donner ce nom.
Étymologie à Aisthesis (grec), sensation, sentir, se sentir.
Le terme va très vite se transformer pour est l’appellation de la science de l’art.
Le terme d’esthétique définit aussi le champ disciplinaire de la philosophie qui s’occupe particulièrement des choses de l’art.
Les philosophes vont très vite ne s’intéresser qu’au beau, d’où la déformation du langage et l’acception courant du mot plutôt péjorative.

ESTHETIQUE DU MOUVEMENT,
 ou sens kinesthésique, ou proprioception
Avant le XXe siècle on appelait cela « le sens de la douleur ».
Il s’agit de réfléchir à la sensation de ses propres mouvement, ainsi qu’à celle du mouvement des autres. Cette sensation est due à des capteurs qui se trouvent partout dans le corps, et au niveau de la vision. L’oreille interne entre également en jeu, il s’agit d’un liquide qui ressent la gravité.

EXTEROCEPTIF, les cinq sens, ceux pour « toucher » l’exterieur
INTEROCEPTIF, ce qui a à voir avec l’intérieur du corps (faim, soif, température…)

à Percevoir c’est faire, car les mêmes aires motrices sont sollicitées (cf : neurones miroir, Giacomo Rizzolatti)

Analyse du mouvement

Rudolph Laban, homme de théâtre, danseur, théoricien, a œuvré pour élaborer un système d’annotation du mouvement et un autre d’analyse.
Il définit cinq critères d’analyse pour un mouvement, l’espace, le corps, la relation, la dynamique, et le temps.

-       Petite histoire de la danse en terme de poids

Au XVIIe siècle, en 1661, Louis XIV fonde l’Académie Royale de la Danse. Sa motivation est de l’ordre de la propagande, les bals n’ont lieu qu’à la cours, et cela permet au Roi de garder une main sur ses sujets.
A cette époque, la danse devait être hyper-savante, car elle appartenait sinon au domaine du diable (rapport au corps).  Feuillet invente la Chorégraphie, ou l’art d’écrire la danse pour que tout le monde sache danser (méthode de notation du mouvement).
Les danseurs de métiers, c’est-à-dire ce qui œuvre pour un public véritable, apparaissent seulement durant la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Du XVIIe au XXe siècle, la danse ne peut exister que si elle présentifie l’âme, il faut donc ordonner le corps (mouvement légers, pointes, élévation à idée, âme, immatérielle..)
Le Xxe siècle s’ouvre avec l’idée de mouvement.
Le poids chez Rudolph Laban est définit par deux critères. Il s’agit de la façon dont le corps répond à la gravité, ce n’est donc pas ici une quantité mais une qualité.
Car chacun, entre individus, entre cultures, a une manière particulière de répondre à la gravité, et l’on peut par exemple reconnaître des personnes de notre entourage au simple bruit de leurs pas.
Laban distingue eux grands pôles. L’un Ferme, c’est-à-dire luttant contre la gravité. L’autre doux, car cédant à la gravité. Le flux est un des autres critères d’analyse du mouvement, celui-ci peut-être contrôlé ( pauses , sacades) ou libre (mouvement continu).

La modernité en danse ne s’invente non pas comme un superflu supplémentaire mais apparaît avec et grâce aux mouvements de libération du corps, qui visent à « absorber » tous les inconvéniens de l’industrialisation. Car le corps industriel est un corps sacadé, mécanisé, ainsi on verra apparaître,notement en Allemagne et en Amérique, tout une recherche pour libérer les corps sur le relâchement, le souflle…
La danse moderne invente le mouvement concentrique, en opposition au mouvement excentrique. A une danse tournée vers le haut, l’avant, la légerté, on opposera le bas, le lourd, le sacadé…
Ouverture sur la diversité des mouvements possibles, et des multiples tonicités.
Par à rapport à la gravité, Hubert Godart parlera de polarité terre lorsque la posture a à voir avec un pousser (repousser le sol), et de polarité ciel lorsqu’il s’agit d’un aller vers le haut. Le même mouvement en apparence peut donc avoir plusieurs « consistances » différentes (cf : Gene Kelly et Fred Astaire)
A la fin du XIXe siècle, début XXe, quelque chose se transforme dans les corps, on voit apparaître un retour à la gravité, à la terre. Rapport au monde du haut, bourgeois, aérien, contrecarré par un rapport au monde du bas (poids, pieds nus, cassures..)


Quelques noms

 -Loie Fuller scénographe, éclairagiste, danseuse. Première à avoir mis de l’electricité sur scène.
       - Isadora Ducan, Danse libre, idée de mouvements naturels
      - François Delsartre, sémiologie des gestes
- Louis Appia, un des premiers scénographes à envisager la scène comme un      espace rythmique.
-  Vaslav Nijinski, un des danseurs les plus renommé. Fait partie des balais russes. (L’après-midi d’un fauve ; Le sacre du printemps ; Jeux)


Notes sur Le Geste et sa perception,
Par Hubert Godard.

-Rappel sur la difficulté de la perception du mouvement et de son sens, dont l’interpretation n’est jamais identique car propre à chaque sujet.
- La posture contient déjà des éléments psychologiques, avant toute intentionnalité de mouvement. Le rapport au poids est déjà une humeur, un rapport au monde, il  appelle ce phénomène le « pré-mouvement »
- Tonicité : il existe deux sortes de muscles
Ceux dits volontaires, à fibre blanche, puissants sur de courtes durées. Les autres, dits gravitaires, à fibre rouge, qui sont durables et qu’on ne contrôle pas. On appelle aussi cela la musculature profonde.
Les muscles gravitaires, chargés d’assurer notre posture enregistrent également nos changements d’état affectifs et émotionnels.
-       Pina Bausch, proférer un texte tout en développant une gestuelle qui porte une charge significative opposée à ce qui est dit.
-       Les Film, l’architecture, l’urbanisme, les différentes visions de l’espace, le milieu dans lequel évolue le sujet vont également avoir une influence déterminante sur son comportement gestuel.
-       Le tonus s’induit avant même le geste, dès le moment où se formule le projet d’une action, et ce à l’insu du sujet, en amont de sa conscience. Il y a donc une organisation tonico-gravitaire qui anticipe et accompagne tout geste, toute attitude corporelle.
-       Le mouvement de l’autre met en jeu l’expérience propre du mouvement de l’observateur, on appelle cela l’expérience kinesthésique.
-       C’est la sensation de notre propre poids qui nous permet de ne pas nous confondre avec le spectacle du monde.
-       « Trans-porté par la danse, ayant perdu la certitude de son propre poids, le spectateur devient en partie le poids de l’autre », il s’agit de la « contagion gravitaire ».
-       Les reflexes et le vécu de chaque individu déterminent sa façon de percevoir le mouvement des autres.
-       Les danses du Cunnigham imposent au spectateur une distance et interdisent le transfert. Ainsi, le danseur ne se donne plus à voir, mais permet l’apparition du signe. Le signe est vu pour ce qu’il est. Le spectateur est privé de toute ampathie kinesthésique, il est contraint dans son imaginaire et recrée finalement son propre bouleversement intérieur. « Le spectateur, plus que le danseur, est le véritbale interprète de la danse de Cunnigham ».
-       Trisha Brown.  If you couldn’t see me (1994), est un solo intégralement dansé de dos. En esquivant son visage, elle prive le public des signes de l’affect, interdit toute interprétation intempestive et impose la vision du fond.


Rudolph Laban,
Né en Hongrie en 1879 et mort en Angleterre, en 1968
Fils de militaire il voyage beaucoup et découvre de nombreuses danses. Il commence une carrière artistique, étudie l’architecture à Paris, s’interesse aux corps dans l’espace.
Il fait du théâtre et se consacre plus spéciale à la danse vers ses 30 ans.
En 191à, il fonde une école et une compagnie de danse à Munich.
Il rejoindra la fameuse colline de Monte Verita, en suisse, ou sont réunis de nombreux artistes et intellectuels tels que DH Laurence, Otto Grauss, Yung, Kafka…
Il crée en Allemagne de nombreuses écoles, et la danse moderne se diffuse partout dans le pays. C’est aux environs de 1930 qu’il crée son système de notation qui lui permet d’écrire des partitions de danse et de pouvoir gérer des projets à distances, puis ensuite, à assurer la transmition.
Lorsque Hitler arrive au pouvoir, la ligue du Reich pour la danse collective est crée. Laban comme de nombreux artistes entretient des rapports avec le pouvoir, en 1936 il sera meneur de danse pour les pays invités aux jeux Olympinques qui ont lieu en Allemagne. Puis il s’exilera finalement en Angleterre, ou il défendra la cause de l’art du mouvement pour tous.

Il théorise l’idée d’effort, il s’agit d’une dépense positive d’énergie. Une des dimension essentielle de sont travail est de mettre l’accent sur la Qualité du mouvement, qui se définit par quatre facteurs, que sont l’espace, le temps, le poids et le flux (cf : poly). Dans le cadre de son travail dans le mone de l’usine, il va déterminer des « efforts de base ». Les deux principaux, qui s’opposent, sont Le Frapper et le Flotter, puis existe des sous-famille, telles que Glisser, Epousseter, Tordre, Fouetter, Presser, Tappoter. Le mouvement chez Labn est l’elèment essentiel de l’expressivité, qu’elle soit vocale, corporelle, musicale … Il place donc le geste à la base de tous les arts.

Quelques vidéos :

La danse de la sorcière, par Mary Wigman
La table verte, par Kurt Jooss
May B, Par Maguy Marin
Rosas Danst Rosas, par Anne Teresa de Keersmaker
L’angoisse, Par Dore Hoyer
Kontactkhof, Par Pina Bausch

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