mardi 23 octobre 2012

Gustave Flaubert




    Gustave Flaubert est né en 1821 sous la restauration. C’est le début du romantisme littéraire (Méditations Poétiques de Lamartine en 1820).
    Son père, Achille,  est un chirurgien réputé, directeur de l’hôpital Hôtel Dieu de Rouen, et l’un des premiers à s’intéresser au confort des patients et tenter de diminuer leur douleur. Flaubert a huit ans de moins que son frère Achille, les autres enfants sont morts en bas âge. Sa mère le chérit tandis qu’il entretient des relations conflictuelles avec son frère. Trois plus tard, naissance de Caroline, avec qui Flaubert multipliera les bêtises et surmontera tous les interdits, enfants turbulents. C’était un enfant qui n’a pas parlé pendant des années, ses parents le pensaient retardé. A 4ans et demi, on lui apprend l’alphabet, à lire, à écrire, qu’il apprend très vite (Cf L’idiot de la famille de Sartre). Au collège puis au lycée, c’est un excellent élève mais très turbulent, il est renvoyé en décembre avant le Bac, qu’il obtiendra brillamment en candidat libre. Ses parents lui offrent une année sabbatique. Comme il n’arrive pas à se décider pour un métier et que lui veut écrire, son père l’inscrit en droit (même situation pour Manet, Proust, Cézanne). Cela permet à Flaubert d’aller à Paris, où il est reçu la première année puis arrete de fréquenter l’université en deuxième année. Il fréquente des cercles littéraires, des bibliothèques, des bordels. Ses parents le réinscrivent. En décembre, en voyage à Rouen, il a un accident de voiture avec son frère et reste longtemps plongé dans le coma. Plusieurs crises s’en suivent, on ignore ce qui les provoque.
   Suivant l’usage, Achille ayant fait des études de médecine, Gustave Flaubert peut entièrement se consacré à la littérature. Il lit et écrit énormément. En 1845, sa petite sœur épouse un de ses camarades de lycée qu’il trouvait terriblement stupide. Pour le voyage de noce, son père, sa mère et lui partent avec les mariés en Italie. Là-bas, il est marqué par les tableaux de La Tentation de Saint Antoine de Bruegel.
Après un abcès à la jambe, le fils opère le père qui meurt rapidement d’une septicémie, puis Caroline, la sœur, meurt une semaine après la naissance de sa fille. C’est Gustave et sa mère qui en prenne la charge suite à la dépression du père. Toute sa vie, Flaubert vivra auprès de sa mère dans un pavillon voisin. Il ne se mariera jamais car il pense le mariage comme une aliénation de sa liberté.
La vie de Flaubert, ce sont des aller-retour entre Paris, où il fréquente intellectuels et cercles littéraires, mais aussi de nombreuses maitresses, et Croisset, à Rouen.

   En 1847, un de ses amis, Maxime Du Camp, lui propose de sortir du milieu familial, et d’entreprendre un voyage en Touraine et Bretagne. Il en résulte une première publication, un récit à quatre mains : Par les champs et par les graines. Flaubert écrit ensuite La Tentation de saint Antoine dont il existe trois versions différentes. Avec Maxime Du Camp, il décide de partir aux origines de la culture au Moyen-Orient avec des lettres de recommandations. En 1849, ils partent en Egypte. Ils voyagent entre l'Egypte, le Liban, la Palestine, la Turquie, l'Italie et la Grèce. En Egypte, ils traversent le Nil presque jusqu’au Niger. Maxime s’intéresse à la photographie et a apporté le matériel nécessaire, il publiera ses photos à son retour. Gustave, lui, prend des notes que retrace sa correspondance.
  Fin 1851, ils rentrent en France. Flaubert retranscrit ses notes de voyages et se met à l’écriture d’un grand roman moderne de 1852 à 1856. Ecrire un roman, pour lui, c’est faire une œuvre d’art à part entière. Les premiers romans sont apparus au XVIIe, et l’explosion du genre se fait au XVIII. Mais c’est un genre récent, et donc qui n’est pas noble, contrairement à la poésie ou au théâtre. L’avantage du roman est que l’on peut tout écrire, mais c’est un divertissement qui n’est pas pris au sérieux (cf les préfaces de Laclos et Rousseau où ils se défendent d’avoir écrit les ouvrages). Au XIXe, Flaubert est le premier a affirmé que le roman est une œuvre à part entière. Pour lui, le style en prose doit être aussi travaillé que le style du poète.  Il criait ses phrases (gueuloir) pour voir si même de la plus horribles des manières, elles étaient toujours belles. En 1856, publication de Madame Bovary. Il écope d’un procès pour immoralité en 1857 sous Napoléon III, qui donne finalement sur un non lieu (bonne famille, bon avocat…). Le procès fait de Madame Bovary un succès à cause de la censure.
Il écrit par la suite Salammbô qui se déroule dans l’antiquité durant les guerres puniques (Carthage détruit par les romains). Pour cet ouvrage, il lit énormément de traité archéologique et va en Tunisie. Le livre est aussi un succès, mais uniquement car à l’époque l’exotisme est à la mode.
  En 1869, il publie L’Education Sentimental qu’il a commencé à écrire en 1864, l’ « histoire morale des hommes de ma génération ». Cette phrase renvoie au discours de Guizot, alors ministre de Louis Philippe, qui annonçait « enrichissez vous ». En effet, durant la révolution industrielle, l’argent est devenu le principal horizon, la nouvelle « morale ». Cela marque la fin de la période romantique. L’Education Sentimental n’a aucun succès, et très peu d’intellectuels voient l’importance du livre. Les grands écrivains s’en inspire cependant, tel que Proust, Joyce, Faulkner ou Perec. Pour le grand public, on ne redécouvre le livre que très tardivement, en 1960.

Flaubert meurt à 58 ans, en 1880, durant l’écriture de Bouvard et Pécuchet qui reste inachevé.

samedi 20 octobre 2012




Les Aveugles, Maurice Maeterlinck


A la fin du XIXème-début XXème, deux courants artistiques se distinguent : Le naturalisme et le symbolisme.

Maurice Maeterlinck (1862-1949) : écrivain belge d'expression française, dramaturge du silence, de la mort et de l'angoisse, il est l'un des principaux auteurs symbolistes et influence le théâtre de tout le XXème. Il commence par faire du droit puis de la poésie, de la traduction, des essais et enfin du théâtre. 1911 : prix Nobel de littérature. Ses premières pièces, saluées par Jarry comme l'amorce d'un "théâtre abstrait", cherchent une simplicité extrême, il les appelle "théâtre pour marionnettes". Aux antipodes du naturalisme, elles furent montées dans tous les théâtres d' "art" des symbolistes, et marquèrent fortement les surréalistes.

Théâtre symboliste : Mené par Mallarmé et opposé au réalisme, le théâtre symboliste estime que le livre est la seule scène mentale, nécessaire et suffisante et que la matérialité de la mise en scène est une entrave à la rêverie du lecteur. Pour les symbolistes, le théâtre est un véritable problème car le corps de l'action et la matière des décors particularise les symboles, et ignore l'imaginaire propre du spectateur. Il vise davantage une scène imaginaire que réelle. Le point crucial du symbolisme au théâtre est la question de la représentation : Qu'est-ce que voir au théâtre ?

Personnage sublime : expression de Maeterlinck : "Ce personnage énigmatique, invisible mais partout présent qui, peut être, n'est que l'idée inconsciente mais forte que le poète se fait de l'univers et qui donne à l'œuvre une portée plus générale, je ne sais quoi qui continue d'y vivre après la mort du reste et permet d'y revenir sans jamais épuiser sa beauté."

La pièce est caractérisée par le statisme, l'immobilité, l'obscurité et le silence.
Il n'y a que deux actions, qui arrivent tard dans la pièce : L'arrivée du chien p.283 (qui d'ailleurs "est" et donc ne joue pas) et les pleurs du bébé (qui lui aussi ne joue pas), suivis de l'arrivée de la mort (qui est annoncée depuis un bon moment) à la page 298. Ces deux actions sont précédés d'un "ayez pitié de nous" (biblique). Cela dénote de l'impuissance de l'homme face à son destin, mais de façon mystique et religieuse, ce qui est espéré tout au long de la pièce, c'est un sauveur/délivreur.

Les personnages n'ont pas de noms, et pas ou très peu d'attributs physiques et psychologiques (comme chez Sarraute). Même si la parole continue à être divisée de manière classique, la forme du dialogue est un chœur (unissons, répétitions), l'expression individuelle disparaît au profit d'une atmosphère créée par la parole.